Dépasser les freins au recours aux soins et aux droits
« Notre objectif est de permettre à chacun de pouvoir se soigner, en faisant avec lui un bilan de ses droits et en lui donnant pas à pas toutes les clefs pour qu’il puisse prendre sa santé en main de façon autonome. Il ne s’agit pas de faire pour lui mais avec lui, » explique Zarah Nabi, responsable de proximité à la Mission accompagnement santé de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) du Val d’Oise. Un quart des Français déclare faire une croix sur un soin au moins une fois dans l’année. La raison est souvent financière. Mais de nombreux autres freins peuvent exister : ruptures de vie, délais de rendez-vous médicaux, difficulté à se déplacer, à comprendre les démarches ou les outils numériques… Dans chaque CPAM, une équipe est dédiée à l’accompagnement de ceux qui rencontrent des difficultés à se faire soigner ou à faire la demande de certains droits auxquels ils pourraient prétendre.. « Ce sont rarement les assurés eux-mêmes qui demandent de l’aide », indique Zarah Nabi. Les conseillers clients des CPAM, Pôle emploi, les Caisses d’Allocations Familiales ou des associations partenaires, comme Emmaüs, les Restos du Cœur ou le Secours populaire, sont sensibilisés à l’existence de ce dispositif et à la détection de ceux qui pourraient en bénéficier. Sadio en témoigne : « Quand je suis arrivé de Madrid il y a un an, je me suis inscrit à la mission locale. C’est elle qui m’a orienté vers la CPAM. Une dame très gentille m’a aidé à faire toutes les démarches pour obtenir un numéro de Sécurité Sociale, une carte vitale et une complémentaire santé. Je ne m’attendais pas à tout ça ! ».
Une aide dans tous les domaines du quotidien
L’accompagnement personnalisé se fait par téléphone. Le bénéficiaire a généralement le même référent au bout du fil et connaît son numéro de ligne directe : « avoir un interlocuteur dédié permet que la confiance s’installe » sourit Zarah Nabi. « L’accompagnement est maintenu aussi longtemps qu’il le faut. En moyenne, il dure 70 jours » précise Mylène Bontant, responsable de secteur à la Mission d’accompagnement santé de la CPAM du Val d’Oise. « Notre mission est très large : nous accompagnons l’assuré jusqu’à l’obtention de ses droits, nous l’orientons dans le système de soins », appuie Zarah Nabi. Cela va de l’aide aux démarches pour demander une carte vitale (pour ceux qui l’ont perdue ou n’ont jamais fait la demande) aux conseils pour trouver une complémentaire santé adaptée à ses revenus et ses besoins, en passant parfois par l’attribution d’une aide de l’action sanitaire et sociale pour limiter le reste à charge afin que tous puissent se faire soigner. « Mais nous pouvons aussi aider l’assuré dans sa recherche de médecins, de spécialistes, à prendre rendez-vous pour des examens de santé gratuits, à rappeler les offres de prévention, puis faire le relais vers les partenaires en cas de difficultés sociales ou dans l’usage du numérique » énumère Mylène Bontant. Nadia en a fait l’expérience suite au burn-out qui l’a terrassée il y a 5 ans : « la CPAM m’a accompagnée sur tous les thèmes de la vie (santé, soutien psychologique, orientation vers leur service social pour faire financer un bilan de compétence et une formation…). Je ne savais pas que leur aide pouvait être vaste à ce point et aussi durable. Récemment, je viens de recevoir un accord pour une prise en charge du reste à payer sur des soins dentaires ! ».
Cet accompagnement a un effet boule de neige, comme le constate joyeusement Mylène Bontant : « remobiliser les personnes sur leur santé leur redonne confiance et leur permet de se remobiliser aussi dans la vie de tous les jours, comme pour retrouver un emploi, une formation ou du lien social. »