La fréquence des consultations est libre
La suite est aussi simple, explique Florence Lagougine, psychologue et confondatrice de l’association. « Les « passants », comme on les appelle, sont libres de revenir, toujours sans rendez-vous, la se-maine suivante, trois mois, un an plus tard ou toutes les semaines. Ce sont eux qui choisissent : quand ils en ressentent le besoin ». Ils ne verront pas forcément le même psychologue chaque fois. Mais ceux qui se relaient travaillent en équipe dans chaque lieu d’accueil et se partagent -confidentiellement- les compte rendus d’entretien des « passants » pour pouvoir les suivre. « L’expérience nous montre qu’ils trouvent un avantage à ne pas forcément rencontrer le même psy-chothérapeute. Cela apporte un regard différent sur leur situation », souligne Florence Lagougine.
Dépasser les réticences à aller voir un psy
Lever les freins, en allant vers ceux qui n’oseraient pas aller voir un thérapeute, est ce qui motive l’association. Car, entre l’image qu’on se fait des problèmes psychologiques, les soucis d’organisation ou d’argent et les délais de rendez-vous trop longs, les écueils sont nombreux. « Quand on ne se sent pas bien psychiquement, quelle qu’en soit la raison, il y a au moins quatre pas à franchir. Se dire que ça ne va pas ; se demander de quelle aide on aurait besoin ; formuler ce besoin ; savoir à qui s’adresser, quand et comment le payer ? C’est tout un chemin, particulièrement difficile pour les mères de famille, les jeunes, les personnes précaires », détaille Florence Lagougine. Recevoir sans rendez-vous, anonymement, dans un cadre confidentiel, mais dans des locaux situés au cœur de la cité, « là où les gens vivent plutôt que dans notre cabinet » permet de mettre la psychothérapie à la portée de tous.
Participation financière libre
À Paris, entre 4 et douze Personnes poussent la porte chaque vendredi. Leur profil « est assez mélan-gé, même si les femmes sont un peu plus nombreuses. Ce sont plutôt des 40-60 ans, mais on voit aussi de plus âgés, qui vivent isolés et on commence à avoir plus de jeunes ». Pour faciliter l’accès des démunis, la contribution est libre et les consultations peuvent donc être gratuites. La prise en charge n’en est pas moins professionnelle. « Nous ne sommes pas juste une oreille bienveillante. Nous proposons un véritable accompagnement thérapeutique », explique Florence Lagougine. Pas de médicaments : les psychologues n’ont pas le droit d’en prescrire. Mais outre l’écoute des « passants », de leur souffrance, de leur histoire, « nous les aidons à trouver les ressources, en eux et autour d’eux, qui les aideront à aller mieux ». Parmi les outils thérapeutiques, les psys du cœur empruntent beau-coup aux techniques corporelles de relaxation, de cohérence cardiaque (technique de relaxation qui repose sur la respiration pour ralentir le rythme cardiaque). Mais si une prise en charge plus impor-tante s’impose « pour une femme victime de violences par exemple, en plus de notre soutien thérapeu-tique, nous lui donnons aussi l’adresse d’associations spécialisées, de services sociaux ou d’accueil psychologique d’un commissariat », complète la professionnelle.